Comté de Beaumont

Le "besogné" de 1608 dresse comme suit la liste des villages et hameaux que la géographie féodale attribuait au comté de Beaumont. Outre la ville, on y comptait dix-huit villages: Leval-sous-Beaumont (avec Chaudeville), Thirimont, Solre-Saint-Géry, Sivry, Froidchapelle, Vaulx, Rance, Montbliart, Grandrieu, Leugnies, Bersillies-l'Abbaye, Grand-Reng, Rousies, Cerfontaine, Ferrière-la-Petite (en partie), Ferrière-la-Grande, Beaufort et Virelles (en partie).
A cette énumération venait s'ajouter celle des hameaux importants qui dépendaient de tous ces villages: le Lorroir (sous Solre-Saint-Géry), Sautin (sous Sivry), Fourbechies (sous Froidchapelle), Frasies (sous Grandrieu) et enfin Ropsies (sous Beaufort).

Assez vaste, comme on le voit, le territoire de la seigneurie n'était pas d'un seul tenant. Il formait sur la carte plusieurs taches séparées.
La première, la plus importante, où se lisaient le nom de la ville et ceux de onze villages, s'allongeait du nord au sud, de Thirimont à Virelles.
Une autre s'arrondissait au sud-est de Maubeuge et comprenait les villages de Beaufort, Ferrière-la-Grande, Cerfontaine, Rousies et la partie beaumontoise de Ferrière-la-Petite.
Bersillies-l'Abbaye et Grand-Reng, de part et d'autre de la Sambre, formaient des taches plus petites.
Toutes ces terres composaient ensemble la seigneurie de Beaumont, fief relevant du comté de Hainaut. Quant à la prévôté de Beaumont, division administratieve et fiscale du même comté, elle ne recouvrait pas exactement le même territoire. Elle était moins étendue et n'englobait ni Thirimont, ni Leval, ni Bersillies, trois villages de la prévôté de Maubeuge. En était exclue aussi la moitié de Grand-Reng, qui relevait de la prévôté de Binche.

Les guerres de Louis XIV d'une part, et l'endettement catastrophique des Hennin-Liétard, héritiers et successeurs des Croy à la tête de la seigneurie, allaient provoquer des bouleversements définitifs à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe. Les traités, les échanges entre la France et l'Espagne créèrent d'abord des situations transitoires d'une rare complexité. Pour quelque temps, Thirimont, Leval, Bersillies, Cerfontaine et Beaufort furent à la France, alors que tout le reste, y compris les deux Ferrière et Rousies, appartenait encore au Hainaut espagnol. C'est en 1699 que fut signée la convention qui établit le tracé définitif de la frontière. Louis XIV abandonna Thirimont, Leval et Bersillies, pour prendre possession de tous les villages proches de Maubeuge. Ceux-ci changèrent de prévôté un peu plus tard. Leurs derniers liens avec Beaumont, les liens seigneuriaux, allaient être tranchés en 1706 quand tous les biens des Hennin-Liétard situés en France furent attribués au duc d'Orléans, le futur régent, par arrêt du parlement de Paris.

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La terre de Beaumont avait appartenu, plusieurs siècles durant, à la famille comtale hainuyère. Lorsqu'en 1453, Philippe le Bon la céda à Antoine de Croy, sa surperficie n'était pas celle que nous venons de décrire. Il y manquait Thirimont, Leval et Bersillies ainsi que la moitié de Grand-Reng, Chaudeville et Rance. [...]
La terre de Beaumont, dans sa totalité, fut confisquée par Charles le Téméraire, en 1464, puis rendue aux Croy par Maximilien d'Autriche. Le village de Rance lui revint en 1483 par retrait seigneurial. L'acquisition de Leval, Thirimont et Bersillies, par achat, date de 1519, celle de la seconde moitié de Grand-Reng de 1564. Ainsi augmentée, la seigneurie atteignit alors le maximum de son extension. Charles Quint l'érigea en comté en faveur de Guillaume de Chièvres.

Extraits de:
- Dumont C., Le comté de Beaumont à l'aube du XVIIe siècle. - Dans: Albums de Croy / publiés sous la direction de J.-M. Duvosquel. - Tome I : Propriétés des Croys. - Bruxelles: Crédit Communal de Belgique, 1988. - [Volume] I : Principauté de Chimay, comté de Beaumont, baronnie de Quiévrain / par J. Buchin [et al.]